Expression des sentiments. Traduction des sentiments par des dessins. Les mots, tout le monde les comprend, les dessins non. Ca me permet en quelque sorte de tenir un journal intime de manière à ce que les gens puissent le voir sans le comprendre. Chacun à sa façon peut y trouver une interprétation. Fascination pour le « sordide désuet ». J’aime les poupées. Elles n’ont aucune expression. Dans une vitrine, exposées, elles ressemblent à des cadavres empaillés. Il suffit que l’on joue avec, qu’on les place dans un environnement de la vie de tous les jours pour qu’elles deviennent humaines. On en fait ce qu’on veut, de là leur aspect change. Tout est une question de contexte (penser à Andersen). Les miennes cherchent à traduire des sentiments, des émotions que je ressens lorsque j’écoute de la musique par exemple. Je dessine souvent à partir de musique. Non pour l’illustrer mais pour exprimer mes sentiments vis-à-vis de cette musique. J’ai beaucoup de mal à parler, à dire pourquoi j’aime telle ou telle chose. J’ai l’impression que malgré la richesse de la langue française, on ne peut mettre aucun mot sur certains sentiments. C’est la raison pour laquelle l’art existe. Pour parler de ce dont on ne peut parler qu’avec des mots. Pareil pour les romanciers ; Stendhal, par exemple. Il serait réducteur de dire que « Le Rouge et le noir » parle d’amour. Et pourtant on le fait car nous n’arrivons pas à décrire la complexité des sentiments des protagonistes. L’auteur nous le fait grâce à son écriture, ses personnages ; En quelque sorte, on peut même dire qu’il n’est pas seul et que ses personnages ont une conscience propre. Qu’ils lui échappent. C’est un phénomène que l’on rencontre dans la plupart des romans. L’artiste est celui qui arrive à se dédoubler.