Une tâche neigeuse au milieu des feuilles d'or [libre]

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Angèle aimait les couleurs, et en plus particulier le rouge. Le pourpre, le carmin, le cramoisi, l'écarlate, le grenat, le sanguin... Toutes ces nuances la ravissait dent envahies cette pièce puis le jours où elles avaient envahies cette pièce si blanche qui était sa prison. La première vraie couleur qu'elle avait vue.
Puis venaient le vert, le bleu, le jaune, le violet, l'orange, ainsi que leurs infinité de dérivés. C'est ici, dans ce monde étrange où elle avait échoué, il y avait de ça deux semaines, qu'elle les avait découvertes. Jamais elle n'eut crut qu'un monde puisse être aussi coloré et vivant ! C'était tellement... différent de l'Identique.
On aurait dit qu'elle était tout droit plongée dans une des histoires fabuleuses que le livre de Sébastien racontait. Un livre qu'elle n'avait plus jamais revu depuis ce jour atroce... Tout avait commencé dans une forêt immense remplie d'animaux tous plus étrange les uns que les autres. Dans son monde, elle n'avait jamais eu l'occasion d'en voir. Puis, elle avait suivit un chemin de briques rouges qui fendait littéralement la forêt en deux, telle une rivière de sang dans un édredon émeraude, pour enfin arriver au college.
Le college l'avait émerveillée, encore plus que la forêt et ses animaux. Il l'avait émerveillée par sa multitude. Rien ne semblait pouvoir arrêter l'immense fourmilière qui s'activait entre les antiques bâtiments. Tout bougeait, tout vivait. Les gens riaient, parlaient, criaient. Ils avaient des sentiments et des émotions. C'était magnifique. Pour la première fois de son existence, elle ne se sentait pas "anormal" ni "différente". Tout ce qu'on lui avait répété depuis qu'elle était en âge de comprendre semblait ne plus avoir court ici.
Pendant les deux semaines qui avaient suivies, Angèle avait découvert cet étrange monde qui était à présent le sien. Elle s'était baladée à peu près partout et un de ses endroits préférés restait bel et bien ce bosquet d'arbres aux feuilles couleur de feu. Elle aimait beaucoup cet espace de calme où tout n'était qu'un calme pourpre et doré. Certes, elle adorait l'agitation qui régnait dans le collège, ce fourmillement incessant d'émotions, mais elle n'y était pas habituée pour autant.
Dans le Nameless World, tout était réglé à la minute près. Le calme régnait partout et toute agitation était réprimée. Même si elle n'aimait pas ça, elle n'avait jamais rien connut d'autre et tout son métabolisme y était habitué. Il lui fallait donc quelques moment bien à elle où elle pouvait se reposer et gagner en sérénité. Quelque part, ces instants lui rappelaient ceux qu'elle passait autre fois à saccager sa chambre. La différence était que les situations étaient inversées. Et que, même pour tout l'or du monde, elle ne serait revenue en arrière. Ici, elle se sentait chez elle.
Une légère brise souleva ses cheveux, créant un rideau neigeux devant ses yeux dorés. Elle avait encore de nombreuses séquelles de son long enfermement. De fines cicatrices blanches parcouraient ses bras et ses jambes mais elle paraissaient presque invisibles tellement sa peau était pâle. Quatre ans dans un labo, même avec une lampe au dessus de votre tête, ça ne vous bronzait pas beaucoup. Elle était toujours aussi maigre. A croire que son corps qui avait si longtemps été privé de tout refusait à présent de recevoir quoi que ce soit de la vie. Sa croissance ayant été avortée dans l'oeuf, elle était toujours aussi petite.
Mais elle s'en fichait. Son corps regagnerait des forces petit à petit et bientôt, elle aussi pourrait courir dans les allées pavées de briques rouges. Déjà, elle arrivait à marcher normalement, même si elle trébuchait de temps en temps. Mais elle n'était pas en sucre et était bien décidée à reprendre du poile de la bête pour pouvoir savourer pleinement tous les délices de ce monde.
Angèle s'assit sur un des banc de pierre dispersés ça et là à travers le petit bois et respira l'air frais à pleines goulées. Sa peau frémie, ses paupières diaphanes s'ouvrirent et se fermèrent sur ses iris dorées. Ce qu'elle était bien.
Quelque chose bougea sur sa droite. Angèle ne prit même pas la peine de détourner les yeux. Si la vie venait à elle, elle passerait devant elle et alors, elle pourrait la savourer. Elle restait cependant toute ouïe, impatiente de découvrir quoi ou qui était venu jusqu'ici. C'était lourd donc grand. Ça ne rampait pas sur le sol, c'était donc haut sur patte. Un humain visiblement. Merveilleux ! Elle allait encore pouvoir savourer ce tourbillon d'émotion si particulier à cette espèce. A moins que ce ne soit une autre forme d'humanoïde. Angèle en avait croisé plusieurs et visiblement, tous avaient aussi des émotions. Ou en tout cas, tous ceux qu'elle avait déjà observé...

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Je me baladai nonchalamment, le nez en l'air. Je n'avais pas encore exploré cette partie d'Amarth. En même temps, j'en avais exploré si peu ! Je passais beaucoup de temps à dormir, ce que je trouve absolument normal. Compte tenu de ma nature féline, je devrai dormir seize heures par jour. Je faisais beaucoup d'efforts pour ne dormir que neuf heures depuis toute petite. Je n'étais à présent plus fatiguée par des moments qui auraient du être " insomniaques ".

En vérité, je m'attardai souvent dans la forêt. J'y avais découvert un endroit merveilleux. Rempli d'herbes hautes et de fleurs que je ne connaissais pas, il était paisible et serein, tout en étant perpétuellement agité. Il y avait beau avoir le calme plat, cela n'empêchait pas l'herbe de bruisser, le papillon de battre les ailes puis de se poser sur la fleur, le bel écureuil roux emporter quelques provisions dans son arbre creux., l'oiseau de picorer sa branche, les abeilles de bourdonner. Je m'y allongeai souvent et tendais l'oreille pour essayer de comprendre la complexité de la nature animale. Loin des deux pattes.

Oui, j'en étais une aussi, mais je ne me considérai pas vraiment comme telle. Après tout, j'étais faite pour vivre à quatre pattes, et mes vieux instincts de guépard ou de lion me dictaient de m'aplatir dans l'herbe claire et de chasser le gibier. Je luttais aussi à cette vieille habitude. Je me rappelai brièvement une incursion aux sources chaudes. J'avais vu mon reflet ridicule dans l'eau claire : mes cheveux courts, fins et blonds ébouriffés, ma peau bronzée par l'été, ma taille moyenne, ma petite poitrine que je ne jugeai pas assez grosse, mon petit ventre rond... Et deux oreilles et une queue de chat qui détonnaient. J'avais finalement décidé de renoncer aux thermes chaudes. Elles sont collectives : je me mettais donc une serviette que j'enlevai juste avant d'entrer dans l'eau, et que je pliais sur ma tête ou posai sur les rochers. Mais je n'avais pas intérêt à être à proximité de quelqu'un, de peur que ma queue l'effleure par hasard.

Et me voilà donc, déambulant, en jean et tee-shirt noir, affublée de tongs claires. Je devais vraiment trouver quelqu'un pour m'embaucher et pour pouvoir me racheter une garde-robe. Ce souci me trottait dans la tête depuis longtemps. J'arrivai donc, par je-ne-sais quel sentier ou chemin, à ce beau bosquet éclatant de chaleur. Quels arbres magnifiques que voici ! Je m'y enfonçai un peu, mes pas me conduisant par instinct. Soudain, je détectai une odeur humaine. Qui était-ce ?

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N'y tenant plus, Angèle leva les yeux vers la nouvelle venue. La première impression qu'elle fut qu'elle était vraiment mignonne. Elle paraissait beaucoup plus jeune qu'elle, de trois ou quatre ans. Enfin, ça ne se voyait pas vraiment vu comme son corps à elle avait refusé de grandir mais qu'importe. Elle gardait encore quelques marques de l'enfance elle, et n'avait visiblement pas finit sa puberté. Son ventre encore légèrement rebondit malgré sa taille fine le prouvait. Son visage aussi avait gardé quelques unes des rondeurs de bébé, mais cela ne servait qu'à la rendre plus craquante encore. Sans parler de ses deux immenses yeux bleus ciel qui tranchaient agréablement sur sa peau bronzée. Ses cheveux blonds ébouriffés rajoutaient une touche claire au portrait et l'harmonisait. Sûr qu'elle deviendrait une femme magnifique dans quelques années !
C'est alors qu'elle remarqua les oreilles et la queue. Choc. Il lui fallut quelques secondes pour s'en remettre, le temps de se souvenir où elle était tombée ces deux dernières semaines et que ce n'était pas la première fois qu'elle croisait un "humanoïde" dans l'enceinte de cette école. Temps aussi pour se rendre compte qu'elle fixait la nouvelle venue la bouche grande ouverte, de quoi facilement lui faire penser qu'elle avait affaire à une débile mentale gravement atteinte.
Angèle referma sa bouche, s'ébouriffa pour remettre ses idées en place et se leva de son banc pour aller saluer la nouvelle venue. Étrangement, celle-ci lui disait vaguement quelque chose. Mais où avait-elle bien pu la voir. En plus, ça paraissait important ! Un truc en rapport avec les cours. Ou plutôt avec les sociétés. On en avait vaguement entendue parler en place, elle n'écoutait pas franchement quand c'était arrivé... C'était ça ! Cette fille était la vice-présidente de la société de shamanisme ! Angèle s'en rappelait à présent ! Elle avait vaguement levé la main à un moment pour demander un truc pour ensuite ce rendre compte ensuite qu'elle avait répondue présente pour être la comptable de la société ! Je vous dit pas la galère... Mais bien sûr, impossible de se débarrasser de ce poste ! Une fois que vous l'aviez choisit (même sans le faire exprès) il vous collait à la peau et refusait de vous lâcher ! Géniale... Heureusement qu'ils n'avaient pas encore eu de réunion...
Tout cela pour dire qu'Angèle se rappelait maintenant exactement à qui elle avait affaire : Mlle Morwen Aïla, deuxième cycle, âgée de treize ans et déjà vice-présidente de la société de shamanisme. De quoi être respectueuse. Même si Angèle ne s'était pas encore très bien habituée à tous ces grades et niveau qui avaient cours dans ce monde.
Mais Angèle n'avait pas fait trois pas que ses jambes si capricieuses en ce moment butèrent contre La racine présente à cinq mètre à la ronde. Quand tu parle de poisse... Angèle perdit l'équilibre, tomba en avant la tête la première, courba les épaule au dernier moment, ferma les yeux le plus fort possible, fit une espèce de roulade avant bizarre et finit sa chute aux pieds de la fille félin les quatre fers en l'air. Une splendide entrée en matière en quelque sorte.
Grognement. Elle souffla sur ses mèches blanches qui lui recouvrait le visage et lui donnait envie d'éternuer. Celles-ci s'envolèrent avant de revenir pile à la même place. Maudites soient-elles... Elles voulaient la guerre ? Elles l'auraient. Angèle souleva son bras droit endoloris et fit dégager ses cheveux de son champ de vision grâce à sa main. Rien ne valait les bonnes vieilles méthodes.
Angèle souleva la tête vers ses pieds dans un gémissement de douleur pour la remettre aussitôt à sa place. Trop fatiguant. Trop douloureux. Mais Morwen était encore là... Ralalala... Je vous dis pas la honte. Trop endolorie et fatiguée pour se relever, elle se contenta de faire un signe de main un peu bancal à sa supérieure hiérarchique.

"...Enchanté vice-présidente...Aïaïaïaïaï..."

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[ Ta description me fait me sembler magnifique Razz

Au fait, j'ai 14 ans - 'fin Momo a 14 ans =) ]

La jeune fille était assise sur un banc. Elle avait de longs cheveux neigeux qui formaient un rideau devant ses incroyables yeux mordorés. Ses bras nus laissaient voir une peau aussi blanche que sa chevelure. Je crus y déceler quelques zébrures blanches, mais je n'en étais pas sûre. Tout son corps était fin. Je décelai dans ses yeux une sagesse et une mélancolie de grande personne, alors qu'elle paraissait à peine plus âgée que moi.

J'eus l'impression de me souvenir d'elle. Je l'avais sûrement déjà entraperçue quelque part, mais où ? Soudain, le déclic se fit. Je l'avais vue poser une question à la réunion de la société des shamanistes, elle s'appelait Angèle. Je ne me rappelais pas de son nom de famille. Je ne prêtais jamais attention aux commérages de l'école, mais j'avais entendu quelques bribes morbides sur sa jeunesse. J'attendrai d'en avoir la confirmation par l'intéressée, si nous devenions amies. Mais j'allais la voir souvent, puisque c'est la comptable !

Je vis Angèle se lever de son banc de pierres et se diriger vers moi, quand elle se prit les pieds dans des racines qui surplombaient la terre. Je la vis s'écraser par terre, réussir une galipette avant bancale et la tête tordue, et se laisser tomber sur le dos... A mes pieds. En une fraction de seconde, je l'entendis pousser un grognement un peu rauque et je sentis son irritation envers ses cheveux qui lui faisaient un rideau opaque devant les yeux. Je l'entendis marmonner un salut et m'appeler " vice-présidente ". Tiens, elle se souvenait également de moi ! Je tordis mon dos en me penchant vers elle, et lui tendis la main. Quand la jeune fille fut debout, je lui adressai un sourire :

" Enchantée, Angèle. Très contente de te revoir. Tu ne t'es pas fait trop mal ? "

Invité

[Voui voui, j'avais compris !^^]

Devait-elle vraiment répondre ? Bien sûr que oui qu'elle avait mal ! C'était normal après une chute pareille, non ? Aaaaarg... Qu'on la laisse mourir ici et qu'on l'enterre ici même quand elle aurait succomber...
Des doigts fins arrivèrent dans son champ de vision. Se pourrait-il qu'elle n'ait pas encore le droit de reposer en paix ? Angèle sourit à cette pensée et attrappa la main qu'on lui tendait, déclanchant une série de douleur dans son épaule et son bras. Un de ces jours, il faudrait vraiment qu'elle passe par l'infirmerie, histoire qu'on lui fasse un "vrai" bilan. Qu'elle sâche vraiment le nombre de trucs qui s'étaient déréglés dans son organisme. Pour sa part, elle jugeait leur nombre à "pas mal" -sa jambe gauche lui lança quand elle s'en servit comme appuie pour se lever- ou peut-être un peu plus.
Après avoir retrouvée une position verticale (quoi qu'un peu penchée sur la gauche) Angèle remercia la jeune fille et s'employa à faire disparaître toute trace de feuilles et de terre de son pull ambré. Certaines luttèrent plus longtemps que d'autres mais Morwen eu la gentillesse de l'aider un peu. Une fois cette difficile mission accomplie, Angèle remit ses cheveux à peu près en ordre, histoire que la vice-présidente n'ait pas l'impression de parler à un épouvantail mais ne remarqua pas le magnifique épis qui se dressait droit et haut à l'arrière de son crâne comme une antenne de téléguidage. Le petit feinteux avait évité l'attaque qu'elle avait mené ce qui lui donnait plus un effet comique qu'autre chose. Mais bon, comme dit plus haut, elle n'en savait rien.
Angèle sourit à la jeune fille et se rendit compte que celle-ci la dépassait déjà en taille. ...Un jours, elle leur ferait tous payer pour ce qu'ils lui avaient fait à elle, ceux de l'Identique. Quitte à tous les tuer un par un. Peut-être même commencerait-elle par ses parents ou par Sébastien, qui l'avaient abandonnée aussi sûrement qu'on jette ses ordures pour ne plus les avoir sur son chemin. Oui, ils allaient payer.
Mais pour l'instant, ce n'était pas vraiment le moment pour de telles tergiversions. Elle devrait plutôt utiliser sa petite cervelle pour un début de conversation. Sur ce point-ci, elle n'était pas très douée. D'où elle venait, on ne parlait jamais pour ne rien dire. On se communiquait toujours des informations utiles, rien de plus. On ne chercher pas à sympathiser avec les gens vu qu'ils nous étaient indifférents. Aussi le termes de "conversation" était assez nouveau pour elle.

"Je...heu... Que pensez-vous proposer comme activités à nos membres pour la société de shamanisme ?"

Ahahah... Dans le genre pitoyable, elle frolait le fond du trou. Une fille l'aidait à la relever et elle, elle lui parlait boulot. Boulot dont elle n'avait strictement aucune idée de la nature, cela va sans dire. Elle était très maladroite quand il s'agissait de parler mais là, elle était bien assez intelligente que niveau boulette, elle devait détenir un bon score. Que devait-elle faire à présent ? S'excuser aurait était bienvenue, ainsi que de repartir tout de suite sur un autre sujet plus interressant. Mais là, c'est la narratrice qui vous parle. Et je suis assez sadique pour laisser mon personnage s'empetré tout seul dans les ténèbre de la honte. Mouahahaha ! /SBAFF/
Bref, Angèle s'était comme pétrifiée après sa phrase, suppliant mentalement Morwen pour qu'elle enchaîne sans se douter de quelque chose. Qu'elle l'aide à se sortir du pértin dans lequel elle s'enforunait...

Invité

Quelle boulette j'étais ! Évidemment qu'elle avait mal ! Je trouvais tout à fait normale qu'Angèle ne daignât pas me répondre. Je me faisais à moi-même l'apparence d'une débile mentale. Je la vis se raidir de douleur quand elle se releva, et épousseter méthodiquement ses vêtements. Vite fait bien fait, je l'aidai brièvement, ce dont elle sembla être contente. J'eus du mal à ne pas rire à cause d'une touffe de cheveux rebelles qui se dressait, droite comme la justice, à l'arrière de son crâne. Bah ! Le ridicule ne tuait pas, ou j'en serais morte depuis longtemps.

" Je...heu... Que pensez-vous proposer comme activités à nos membres pour la société de shamanisme ? "

Quoi ? Elle me parlait... Boulot ? Bon. Déjà, elle m'avait reconnue. Elle paraissait très gênée ; soit elle était timide, soit elle n'avait pas trop l'habitude des contacts humains. Et sa question me posait un problème : je n'en avais pas encore d'idées.

" Euh... Pour l'instant, j'y réfléchis. Je n'ai pas encore beaucoup parlé avec le président, alors je vais le contacter avant de me décider dans quelles idées me lancer.

Voui, voui, fonce ! C'est ce que je me répétais pour essayer de me donner l'air convaincue. J'aimais vraiment le contact avec la nature, mais je n'avais encore aucune idée de comment organiser l'association. Mince, il allait falloir que j'y pense ! Finalement, je rendis les armes.

- En fait, je n'y ai vraiment pas réfléchi. Je ne me vois pas du tout en une personne qui enseigne aux autres ! "

C'était vrai. J'étais plus une personne qui travaille et apprend plutôt que le contraire avec des camarades. En attendant, je n'avais vraiment pas envie de parler de ça. Je suppliai mentalement Angèle de changer de sujet.

Invité

"Ah..."

... Mais c'était quoi cette réponse ??? En plus de parler boulot, maintenant elle donnait l'air d'être une trizomique ! "Ah...", non mais elle ne trouvait rien d'autre à répondre que ça ? Franchement bravo. Elle n'aurait pas crut pouvoir s'enfoncer encore plus mais là, il faut reconnaître qu'elle avait un don pour ça !
Angèle refit rapidement le tour de ce qu'elle savait de l'adolescente. En gros : rien. Ahahah... Ce qu'elle était avancée avec ça. Bon ba au moins, ça lui permettait de débuter n'importe quel sujet afin dans savoir plus sur elle. Dans son ancien monde, pour les projets réalisables uniquement en équipe, chacun savait d'entrée ce qu'il avait à faire. Tout était déjà programmé à l'avance et tous faisaient ce en quoi ils avaient les meilleures capacités. Sans se poser de question.
Angèle avait bien sûr suivit le mouvement pour passer inaperçue, mais dans ce monde-ci, tout cela semblait bien plus compliqué. Tout d'abord parce que leur travail concistait d'entrée à enseigner mais aussi à distraire des élèves. C'était aussi quelque chose qu'elle avait découvert dans ce monde : la distraction. Les gens faisaient des choses uniquement pour leur plaisir qu'elles leur procuraient et non pas dans un but d'utilité. Chacun faisait ce qu'il voulait. Le désir en était la base. C'est parce qu'ils pouvaient désirer qu'il pouvaient faire toutes ces choses.
Naturellement, Angèle suivit le mouvement puisque contrairement aux autres représentants de son monde, elle aussi avait ses propres désirs. Elle avait ainsi découvert la musique, le plaisir de se ballader sans but précis, de regarder les étoiles toute une nuit... Elle ne s'était encore rapprochée de personne de précis, car vivre une nouvelle trahison ne la tentait pas vraiment et celle de Sébastien était encore bien vivace dans son coeur. Aussi restait-elle la plupart du temps seule. Seule mais à proximité des autres afin de savourer l'agréable tourbillons d'émotions qui les entourait.
Angèle chercha des yeux quelque chose qui pourrait l'aider à entamer une conversation. Elle devait avoir l'air d'une girouette à chercher ainsi de tous les côté mais bon, elle n'était plus à ça prêt (surtout avec son antenne qui se trouvait décidemment bien là où elle était). Enfin, ses yeux deignèrent trouver quelque chose qui la satisfit : son casque. Pourquoi ne pas parler musique. A ce qu'elle savait quasiment tous les peuples dont les représentants se trouvaient dans l'école connaissait la musique. Comble de malchance, elle était tombée dans The monde où la musique était prohibée sous peine d'élargissement. La découvrir l'avait ravie, alors autant étendre son champ de connaissance le plus possible !

"Dis-moi, à quoi ressemble la musique de ton ancien monde ?"

Ca pouvait faire bizarre, lancé comme ça (surtout après cinq minutes de silence complet) mais bon, elle n'avait rien trouvé de mieux sur l'instant.

Invité

Je le savais, je passai pour une débile mentale. J'en étais sûre ! Angèle m'avait lancée un regard oblique, et j'étais sûre qu'il me jaugeait en profondeur. Après, elle n'avait plus croisé mon regard, laissant traîner le sien dans toutes les directions. J'eus l'idée bizarre qu'elle cherchait où s'enfuir ; Angèle paraissait toujours aussi gênée.

" Dis-moi, à quoi ressemble la musique de ton ancien monde ? "

J'étais très contente qu'elle eut brisé ainsi la glace. La musique... Je réfléchis intensément pour lui donner une réponse intelligente.

" Je ne saurai exactement la décrire. A chaque siècle, son intonation change. Il y a eu la mode des hippies, celles et ceux qui désiraient toujours la paix, il y a eu une période de rock, une autre disco... Celle du 21ème siècle ne ressemble plus à grand-chose. Il y a parfois des remakes d'anciennes chansons. Si tu as le malheur de préférer les anciennes, et d'afficher tes goûts, tu peux être sûre que tes camarades te regarderont avec mépris et chuchoteront dans ton dos.

Je m'écartai peu à peu du sujet, là.

- Pour ma part, j'adorais les anciennes chansons, mais il y en avait certaines de la " nouvelle génération " qui me plaisaient quand même. Mais je n'aime toujours pas les deux extrèmes : le trop vieillot ou le rap avec des touches trop techno. "

Une rougeur gagna peu à peu mon visage.

" Je ne sais pas si je t'ai bien expliqué. "

Invité

Angèle regardait la fille félin avec des yeux ronds comme des pastèques. Elle n'avait strictement riiieeeen compris. Mais alors rien de rien. C'était quoi un "hippie", un "rap", un "disco", un "techno" ? Pour tout dire, jamais encore elle ne s'était sentie dépassée à ce point là. Ok message reçut : éviter de parler de musique la prochaine fois. C'était un terrain bien trop miné à son goût. Surtout que là, on approchait de la bombe nucléaire...

" Je ne sais pas si je t'ai bien expliqué. "

Franchement non. Ou alors oui mais pour une personne de son monde à elle. Mais bon, comment pouvait-on "expliquer" de la musique ? Elle n'était décidément pas douée pour la conversation. Quelle idée de poser une question pareille ! C'était évident que Morwen n'aurait pas pu lui expliquer ! D'après le peu qu'elle savait, il lui semblait même impossible que l'on puisse la décrire. Comment pouvait-on dire comment était tel ou tel son avec précision ? C'était impensable.
En gros, elle avait fait une boulette de plus. Bingo Angèle ! Quelle maîtrise de la communication ! Elle s'impressionnait elle-même parfois. En plus elle l'avait gênée ! Quelle sotte ! Elle avait dû montrer trop explicitement qu'elle n'avait strictement rien compris et son interlocutrice avait tout pris pour sa pomme. Ralalala...

"Laisse tomber. Je n'y connais rien."

Aï. Trop abrupte. Pour quelqu'un qui essayer de faire la conversation, c'était pas terrible. Il fallait qu'elle se rattrape rapidement ou qu'elle s'enfuit en courant. Vu qu'elle tenait à peine sur ses jambes, la seconde solution fut vite abandonnée et elle n'eut d'autre choix que d'ouvrir sa grande bouche à débilités une fois de plus.

"Heu.. désolé. C'est juste que d'où je viens, personne ne fait ni n'écoute de musique."

Sa jambe droite choisit ce moment là pour lui lancer fortement et Angèle s'affeça légèrement. Mince, elle était trop longtemps debout dans la même position. Elle se dépêcha de se rasseoir sur le banc qu'elle avait quitté quelques instant plus tôt et étendit sa jambe devant elle. Elle commença à la masser pour faire passer la douleur et fit un signe de tête à Morwen.

"Viens t'asseoir ! Désolé, j'ai quelques problèmes de muscles en ce moment et rester debout ne me fait pas franchement du bien comme tu peux le voir..."

Le massage détendit peu à peu son maigre muscle endoloris, calmant peu à peu la douleur. Dans quelques minutes, cette pique de souffrance ne serait plus qu'un mauvais souvenir. ...Jusqu'à la prochaine du moins...

Invité

[Nouvelle couleur grâce à Sissi | Trop beauu ♥ ]

"Laisse tomber. Je n'y connais rien."

Ces mots me douchèrent. Évidemment. Je savais pertinemment que la jeune fille venait d'un autre monde, et pourtant j'avais utilisé des mots du mien. Quelle idiote ! Et si je partais en courant pour expier ma honte ? Je sentis mes joues rougirent.

"Heu.. désolée. C'est juste que d'où je viens, personne ne fait ni n'écoute de musique."

S'était-elle rendue compte que j'étais honteuse ? Je n'en étais pas sûre... Soudain, je la vis fléchir et s'affaisser sur elle-même, comme un vieux pneu qui se dégonfle ( description très peu flatteuse ). Je vis Angèle traîner comme elle pouvait sa jambe et elle-même sur le banc qu'elle avait quittée quelques minutes plus tôt. Je l'y rejoignis et la regardai, pendant une minute de silence, masser sa jambe. Mes joues se vidaient progressivement de leur sang, et je n'éprouvai nullement envie de me ridiculiser davantage. La comptable semblait un peu soulagée. J'entamai donc la conversation :

" Tu aimes lire ? Et écrire ? Ou ce n'est pas un loisir que tu as dans ton monde ? "

Angèle paraissait toujours un peu souffrante. Regardant ses bras, je vis de fines zébrures blanches, presque invisibles tellement son teint était pâle. Ses lèvres rouges me faisaient penser à une goutte de sang sur de la neige. Même moi, qui en hiver, était très blanche, je n'avais jamais atteint ce summum de teint de porcelaine. Revenant à ses soucis physiques, je me demandai brièvement si elle ne devrait pas consulter l'infirmier ou l'infirmière - s'il y en avait une dans cette école.

Invité

Angèle battit de ses longs cils noirs -un des rares charmes qu'elle avait trouvé chez elle-, cherchant dans sa mémoire si oui ou non elle aimait lire et écrire. Les seuls livres autorisés dans son monde étaient le "règlement de la communauté" et son livre d'histoire. Rien d'autre. Et franchement, aucun des deux n'étaient vraiment passionnants. A part "ne pas faire ci" ou "ne pas faire ça", ces deux bouquins ne comprenaient vraiment rien. Elle l'avait vaguement feuilleté un jour avant de l'abandonné au fin fond d'un de ses placards. Complètement ininterressant et déprimant.
Quant à l'écriture... C'était une autre histoire. Mis à part pour les cours ou pour recopier des passages entier du "règlement de la communauté" en guise de punitions (régulières), elle n'avait jamais vraiment écris. Pour elle, écrire était plus un calvaire qu'autre chose. Comment cela pouvait-il être un loisir ? Très bonne question, il faudrait qu'elle demande un de ces jours.

"Heu... non. Ce n'est pas vraiment un loisir sur mon monde, comme tu dis..."

Et puis le souvenir de Sébastien la percuta à toute vitesse. Lui et son livre avaient été ses seuls amis pendant un an. Jusqu'à ce qu'il la trahisse lui aussi et que leur trésor disparaisse à tout jamais, sûrement brûlé quelque part par la communauté. Leur trésor était peuplé d'histoire plus fabuleuses les unes que les autres. Elles lui avaient permis de ne pas craquer, de continuer à se battre. Quand elles avaient disparues avec ses maigres espoirs, Angèle les avaient laissées disparaître de sa mémoire, comme tout ce qui avait constitué son petit monde de trois cents soixante cinq jours. Elle s'était enfermée dans une routine qui lui avait permit de rester en vie et d'éviter d'être "élargie" mais qui l'avait aussi passablement coupé de ses émotions.
Néanmoins, quand elle avait dû subir la "douleur", ses barrières avaient littéralement exploser. Ses histoires avaient été l'une des rares raisons pour lesquelles elle était encore en vie aujourd'hui. Elle s'était battue pour pouvoir de nouveau les lires et ce, même si elle savait très bien qu'elles avaient disparues depuis bien longtemps. C'était le dernier fil qui l'avait raccroché à la vie. Sébastien et ses parents n'étaient plus rien pour elle, son trésor lui était resté. même quand il ne restait plus qu'une infime partie d'elle-même convaincue de continuer à vivre, c'était cette partie qui avait gagné. Pour les histoires. Pour leurs héros. Pour ses souvenirs...
En arrivant ici, il était vrai que le fait qu'il existe des livres tout comme le sien ne l'avait même pas effleurer. Pour elle, il n'y avait qu'un trésor et il était unique. Envisager qu'il y en avait d'autres... ça lui paraissait...Bizarre. Mais intéressant. Une nouvelle fois, il faudrait qu'elle se renseigne.
Vu comme Morwen fixait avec insistance le sommet de son crâne, Angèle commença -enfin- à se poser quelques questions du genre "qu'est-ce qu'il se passe ?", "j'ai un crapaud sur la tête ?" ou encore "c'est mon crâne qui lui plaît pas ?". En désespoir de cause, elle passa sa main sur ses cheveux. Ses doigts percutèrent sa mèche rebelle-antenne et la firent rejoindre les rangs aussi tôt. Mais elle ne s'en rendit pas compte et continua donc à se poser des questions intérieures sur le bizarre comportement d'êtres venus d'autres monde.

"A vrai dire, on avait pas de loisir tout court. Enfin, si on compte pas les travaux d'intérêt général bien sûr."

Invité

Je contemplai les cils fins et sombres d'Angèle. Avait-elle mis du maquillage ? Ils contrastaient fortement avec ces cheveux, mais j'étais sûre que c'était naturel. Ces longs cils lui faisaient un regard clair et précis. Finalement, je la vis rabattre ses cheveux du plat de la main, geste qui me fit esquisser un sourire. Sourire qui disparut bien vite :

"A vrai dire, on avait pas de loisir tout court. Enfin, si on compte pas les travaux d'intérêt général bien sûr."

Waouh. Son monde a l'air plutôt hard. Pas de loisirs ? Je ne pouvais imaginer un monde comme ça. Symboliquement, je vis les visages d'Awen, d'Ishimaru, de Luther et de Kao-kun passer devant mes yeux. Je ne connaissais pas leur monde. Encore moins celui de Vayuqh-san qui paraissait si mystérieux et si asocial. Peut-être existait-il un monde qui ressemblait au paradis tandis qu'un autre pouvait être pire que l'enfer. Une myriade de mondes nous enveloppait. En faisant un geste du bras, je pouvais les toucher sans modifier quoi que ce soit. Peut-être existait-il une autre Morwen quelque part, une autre Angèle, qui se seraient rencontrées dans d'autres circonstances...

J'arrêtai mes circonvolutions qui ne menaient nulle part pour regarder Angèle. Considérait-elle les travaux d'intérêt général comme un plaisir ?

" Ton monde doit être bien triste. J'avais du mal à m'intégrer à l'école, et à jouer avec les autres, mais je les regardais souvent jouer à des jeux en groupe. Des jeux tout bêtes : il y avait le " loup " : tous couraient et s'éparpillaient dans tous les sens tandis qu'un seul les poursuivait. Il y avait le " cache-cache ", où tous les enfants se cachaient et un groupe devait les trouver... Je n'y ai jamais joué mais ce doit être drôle...

Comment faisait le peuple de ton monde pour supporter le quotidien s'il n'y avait pas de petits plaisirs à côté ? "

Invité

"Ils oublient..."

C'était sortit sans qu'elle y réfléchisse, d'une voix si faible qu'Angèle douta que son interlocutrice ait entendu quelque chose.
Oublier, c'était là l'une des premières caractéristiques de la pilule. Tout s'effaçait petit à petit de notre mémoire, jusqu'au moindre souvenir de la plus petite émotion. C'était aussi simple que ça. Le concept même de sentiment cessait d'exister. Quelque chose qui n'a jamais existé pour vous ne vous manquera jamais puisque vous ne pouvez pas en imaginer la conception. C'était ainsi. Et pour éviter que l'être humain ne redécouvre ces "émotions", on s'était contenté de rendre la prise de la pilule journalière, sans quoi le coeur reprenait bien vite le dessus sur l'esprit.
Mais elle n'avait jamais su oublier. Elle avait beau se dire qu'il fallait qu'elle efface cette difficile période de sa vie, ses souvenirs ne cessaient de venir la harceler. Tout comme elle avait décider de renier Sebastien quand il l'avait abandonné. Mais rien à faire. Tous les soirs elle s'était mise à pleurer dans son oreiller, ignorant son serment de ne plus jamais y songer. Plus tard, bien plus tard, alors que la douleur irradiait dans son corps tout entier, elle s'était jurer de ne plus jamais oublier. Elle devait se souvenir, elle en avait besoin. Seul son passé la maintenait encore envie, ainsi que sa profonde envie de futur. Si l'un ou l'autre avait disparu, qui sait ce qu'il serait advenue d'elle. Mort, sûrement. Le chemin de la douleur ne l'aurait menée que là-bas.
Ralala... Parler avec des gens faisait décidément remonter bien des souvenirs. Et franchement, elle en avait eu bien assez pour la journée. A ce rythme là, elle n'allait plus que penser à ça. Il lui restait bien sûr la solution de "s'en créer des nouveaux" comme quelqu'un de Vita l'avait laissé entendre mais elle doutait que cela soit si facile. Surtout avec l'aisance si naturelle qu'elle quand elle adressait la parole à quelqu'un. Ah ah ah... Oui, quelle chance elle avait dis-donc...
Enfin, elle n'allait pas se plaindre. Le vent souffla, faisant voler un tourbillon de feuilles rousses. Angèle ferma les yeux et respira un grand coup. Elle sentit ses maigres muscles se détendre et sa peau peau diaphane frissonner sous la fraîcheur. Elle rouvrit les yeux pour savourer l'étendue carmine qui s'étendait devant elle et en remplie son cerveau. Après tout, peut-être qu'il était plus facile que ça de se créer des souvenirs. Elle sourie et se releva.

"Excuse-moi mais je vais devoir y aller. Ravie d'avoir pu te revoir. Sûrement se recroisera-t-on lors des réunions pour la société de shamanisme ou pendant les cours des Vita ? Au revoir."

Angèle inclina légèrement sa tête vers la droite et son sourire redoubla. Elle avait découvert cela aussi dans ce monde : le plaisir de sourire. Ce n'était pas encore devenue une habitude mais c'était si agréable que dès qu'elle y pensait, elle n'hésitai pas. Cela faisait tellement d'années qu'elle se retenait...!
Elle remit son casque sur les oreilles, monta le son et repris la direction du coeur du domaine, une magnifique image de feuilles rousses tombant d'un ciel bleu gravée dans les yeux.

Invité

"Ils oublient..."

Cette phrase était presque inaudible, mais grâce à mes sens félins, je la perçus très clairement. Ils oubliaient ? Était-ce au sens propre ou au figuré ? Est-ce que son monde était mystérieux et secret ou n'était-ce vraiment qu'une métaphore ? En ressentant sa mélancolie, j'étais sûre que non. Je me revis, au tout début, ressasser comme elle les images du passé. Non pas que je n'y pensai plus, non. Mais j'avais appris à regarder les nuages, à enlever toute pensée déplaisante, à chasser tout souvenir trouble. Appris à respirer agréablement, à profiter de la nature, quelle qu'elle soit, à respirer le parfum des fleurs sans arrière-pensée, à me baigner sans comparer cet instant à un autre passé en compagnie de ma mère.

Au lieu de ça, ma tête fourmillait de visions de Kao-kun, d'un Vayuqh apathique et asocial, d'une Awen resplendissante et totalement enfantine, d'une Ishimaru gentille et droite, d'un Luther rassurant et de tous ces gens que je ne connaissais pas encore, mais que je rencontrerai. Deviendront-ils importants pour moi ? Joueront-ils un rôle dans ma vie ? Qu'apprendrai-je ici ? J'oubliais les questions qui m'avaient troublée à mon arrivée, qui m'avaient paralysée de frayeur. Mais est-ce que Angèle y arrivait ? Sûrement que non. Son passé était surement plus riche, fertile ou traumatisant que moi. Soudain, je vis la jeune fille se relever.

"Excuse-moi mais je vais devoir y aller. Ravie d'avoir pu te revoir. Sûrement se recroisera-t-on lors des réunions pour la société de shamanisme ou pendant les cours des Vita ? Au revoir."

Je restai pétrifiée de stupeur en la regardant s'éloigner. Déjà, elle n'avait ni bafouillé ni s'était sentie mal à l'aise. Ensuite, elle ne m'avait même pas laisser le temps de réagir et s'était déjà éloignée, son casque sur les oreilles. Mon sang déserta lentement mon visage. Qu'avais-je fait pour qu'elle me quitte si abruptement ? Son ton n'était-il pas hautain en me laissant ? Seule, assise sur un banc de pierre, les cheveux au vent, mon cœur flottant à la dérive, je me laissai gifler par le vent froid.

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