Ce jour est un moment béni. Une éclaircie de bonheur. Le soleil est finalement revenu et surtout, enfin, miraculeusement, Silvia est devenue présidente de la Société de Verto. Ce que d'autres voient comme une tâche ennuyante, un truc « chiant » ou quelque chose sans véritable poids, sans intérêt, sans prestige... Et bien, la paraplégique y voit un seuil. Un des innombrables seuils qui la mène à la réussite, à la force, au pouvoir, à la reconnaissance,... En somme, aux Argyraspides. Enfin, elle n'ose pas encore y penser trop sérieusement. Elle préfère réfléchir en terme de seuils. Celui du premier Jeu, de son briquet contenant un Elémentaire puissant, du 4e Cycle, de la Société de Verto, du début des cours, d'une prochaine Société auquel elle réfléchit... Et, prochainement, elle espère, le 5e cycle. Le 5e cycle, c'est la cour des grands, c'est un simple pas avant les 6e cycles, les rois des étudiants. Après, il allait encore falloir beaucoup de travail avant d'être Argy.

Ah, tant de rumeurs courent sur les épreuves des 6e cycle ! Ils sont si étranges, d'ailleurs, ces gens. Tous extrêmes, tous étranges, tous apeurant, d'une certaine manière. L'idée d'en faire un jour partie remplit la jeune fille d'une étrange terreur, quelque chose qui remonte l'échine de manière lugubre mais qui apporte une telle jouissance... presque proche du plaisir sexuel. L'accomplissement d'un rêve. Même les menaces du 6e cycle fait partie de son rêve. Affronter des forces inconnues aux autres mortels, se dépasser, encore et encore. Développer une magie supérieure à toutes les autres sur terre. Envahir le Jeu de sa force, de sa luminosité, de sa chaleur, de son pouvoir, de sa détermination... Oui, tout ça à la fois la faisait jouir !

Mais avant tout, garder les yeux sur terre. Se calmer, mesurer ses rêves et ses espérances. L'handicapée doit actuellement déterminer ce qui va constituer sa première réunion de Verto en tant que présidente. Certes, il n'y aura qu'un participant mais c'est déjà primordial. Capital. Vital. Elle répète intérieurement toutes les phrases qu'elle a retenu sur divers sujets, elle se remémore tout ce qu'elle sait sur un peu tout ce qu'il se passe sur Amarth. Silvia a le sens du détail, de la perfection. Oui, de la perfection, c'est son idéal en tout chose et elle tend continuellement vers lui, dans l'espérance toujours inassouvie de l'atteindre... Mais sans jamais, jamais abandonner. Alors elle se répète tout en préparant la pièce.

Elle a choisi la Salle de Verto pour avoir une certaine intimité ainsi qu'un sentiment d'appartenance. Sans oublier le fait que la salle, en tant qu'endroit servant souvent à l'entrainement, comporte de nombreuses choses importantes comme des bouteilles d'eau, un feu de cheminée, des plantes dans tous les coins et d'immenses fenêtres. Un endroit spacieux et lumineux, en gardant une certaine chaleur que Silvia adore. Ce lieu est son endroit préféré pour réviser ou s'entraîner. Plus personnel que la salle commune, plus réconfortant, et puis, en plus la jeune fille a toujours eu un esprit un peu... nationaliste. Elle aime s'engager pour des causes diverses et variées, sentir une appartenance à un mouvement, une association, ou en l'occurrence un College. Etre une Verto est une fierté, et elle n'oublie jamais de le répéter. Jamais. Et elle espère bien l'apprendre à....

Vayuhq ? Mijow ? Non ? Encore un nom intéressant et étrange. Elle lui demandera tout à l'heure. Silvia adore les noms, tout comme ses parents qui se sont amusés à donner à leurs 7 enfants des noms venus de religions diverses et variées. Enfin, de toute manière, Silvia s'intéresse un peu à tout. Mais, qui est ce Vayuhq, déjà ? N'est-ce pas cet enfant insipide qu'elle a déjà croisé, parfois ? Avec ses cheveux blancs et ses yeux troublants. Il est un peu inquiétant mais ne semble pas très énergique... Elle ne s'est jamais intéressée à lui. Mais, en tant que seul participant de la journée, elle se promet de s'occuper de lui comme personne ! Elle est prête à toutes les questions, à toutes les requêtes, à tous les défis.

Mais quand même... Il faut qu'elle perde cette habitude d'être prête au moins 30min en avance. L'excitation la prend si facilement qu'elle se retrouve toujours à attendre des gens qui, parfois, arrivent même en retard. Pour tromper le temps, elle sort son fidèle briquet. Elle l'allume. L'éteint. L'allume. L'éteint. Son fidèle zippo obéist tranquillement. Et puis, elle le laisse allumé. Elle se concentre sur l'Elémentaire, le prend en son pouvoir et se met à souffler doucement, tout doucement sur la flamme. Alors, petit à petit, la flamme grandit, au fur et à mesure. Elle devient de plus en plus grande suivant le souffle. Bientôt, la petite lumière devient boule de feu. Imposante, brulante et rougoyante. Silvia s'arrête de souffler et sourit.
Soudain, elle inspire vite et fort par la bouche. Le feu se précipite dans l'orifice grand ouvert, le zippo s'éteint. Un instant elle reste ainsi, bouche fermée, le feu dans la gorge. Puis elle souffle de nouveau, vers la cheminée et un jet de flamme s'échappe. Le feu prend immédiatement et la Verto sourit, fière d'elle.

Tellement concentrée sur son jeu, elle n'a pas entendu la porte s'ouvrir.