Quelle plaie. Ne plus pouvoir utiliser de ses pouvoirs. Déjà que la vie dans l'établissement lui était morne, cette nouvelle restriction l'embêtait encore davantage, le condamnant à la banalité de la vie commune. Plusieurs changements avaient eu lieu durant les dernières semaines, à commencer par l'incident qui avait emmené la direction à interdire l'utilisation de magie au sein du campus. Comme ce n'était pas assez, les cours étaient suspendus, tout comme le Jeu du Cirque il sembla. Bref, maintenant les élèves vagabondaient dans les couloirs et autres espaces de l'université, sans obligation de faire quoi que ce soit. Et puis quoi maintenant ? Certes il y avait une raison à cet arrêt soudain d'activités scolaires et... étudiante si l'on pouvait le nommer ainsi. Après tout, la mort d'élèves n'étaient probablement jamais prise à la légère dans quelque monde que ce soit, et sinon il n'en connaissait pas encore un où ce fut le cas. Toutefois l'événement avait semblé semer la controverse sur les capacités de l'administration à bien gérer la situation. Une certaine "Cigogne" avait distribué un article dans les bâtiments en prétendant que les grands de l'institution étaient des incapables. Pour sa part, Vayuhq n'en pensait pas grand chose. Il n'avait jusqu'à maintenant eu que très peu conscience de la présence de l'administration au cours de son année à Amarth. Ce qui le concernait le plus en ce moment était plutôt la méthode à adopter pour que ses journées s'écoulent à un rythme dit "normal". Auparavant les cours et la pratique de la magie occupaient la majorité de ses minutes, donc il avait rarement à se soucier d'un tel problème. Mais maintenant que l'un et l'autre lui étaient inaccessibles, la situation devenait plus embêtante. À ce moment précis il était assis près d'une fenêtre de la bibliothèque, à regarder les élèves dehors. Certains marchaient seuls, d'autres jasaient entre eux, les uns dormaient et les derniers essayaient de faire des mauvais coups. C'était tellement... ordinaire. Enfin l'on aurait pu dire que sa routine de cours l'était aussi, mais l'Hybride ne s'en rendait pas vraiment compte. Lui il s'embêtait parmi le silence des livres, entrecoupé du son des pages qui tournent et du bruit des murmures se croyant discrets.
L'ennui. Probablement son pire ennemi en ces jours de tranquillité. Mais s'il restait là, rien ne s'améliorerait, c'était évident. Et donc le jeune homme se leva et quitta la grande pièce de savoir. Peut-être devait-il faire comme tout le monde : sortir et profiter de ce répit à la longueur indéterminée. S'il avait pu il aurait arrêté de penser comme il le faisait, histoire de s'éviter des complications psychologiques. Mais cela semblait être quelque chose que tout être ayant une conscience semblait incapable de faire. Mais bon, il aurait dehors. Par contre pas question d'aller dans le parc où la majorité de la populace étudiante se trouvait. Il ne manquerait pas de se faire dévisager, pire se faire aborder. Même s'il avait fait des progrès socialement parlant, Vayuhq n'était pas et ne serait jamais un moulin à paroles, ouvert et accessible à tous. Ç'aurait été trop espérer de lui. Non il serait préférable d'aller ailleurs, plus loin, dans un endroit peu fréquenté.
La limite du domaine sembla une bonne idée. Les seules personnes que l'Hybride risquait de croiser, ce serait les possibles nouveaux élèves. Ce n'était pas un bien grand risque à prendre, l'adolescent se disant qu'il ne devait pas en arriver tous les jours à la dizaine. Ainsi il dirigea ses pas vers ce lieu, là où lui-même s'était éveillé, un peu plus d'un an plus tôt. Lorsqu'il franchit le seuil qui le séparait du carrelage et de l'herbe, prenant soin de refermer les portes derrière lui, il se demandait ce qui avait bien pu causer l'explosion. Une manipulation magique mal contrôlée il semblait bien, mais de quel nature ? Ou peut-être le geste avait été délibéré, qui sait ?
Il n'eut pas le temps de se poser une question de plus qu'il apercevait une... deux... une paire de jumelles ? Ou deux adolescentes à l'apparence identique, ou du moins il sembla. L'une d'entre elle fit une courbette respectueuse devant lui avant de lui demander quelque chose... dans une langue qu'il ne comprenait pas. Vayuhq avait beau avoir voyagé à travers divers temps et espaces, il n'était pas encore un grand érudit des dimensions. La langue lui était complètement inconnue, bien qu'elle eut des connotations... orientales. Enfin du continent de la Terre qui se nommait Asie. Il y avait bien atterrit une fois par mégarde... mais il n'avait guère prit le temps d'apprendre les langues qui s'y parlaient. Il resta donc interdit pendant quelques secondes, ne sachant pas trop comment réagir.
"Je suis désolé mais je n'ai pas compris un mot de ce que vous venez de dire."
Il avait dit cela sans cillé, sa voix gardant le même ton de neutralité qu'il faisait entendre en permanence à tous lorsqu'il daignait ouvrir la bouche. Si elle ne parlait pas d'autres langues, ils allaient se retrouver dans une situation quelque peu compliquée.